Wladyslas adressait un large sourire à son beau-père, ainsi qu'à sa belle. La journée commençait très bien, aucun nuage n'obscurcissait son esprit.
La superbe voûte de la grotte ainsi que ces nombreuses oeuvres d'art naturelles en calcaire étaient soigneusement illuminées par de petits projecteurs, tout le long du trajet sur les rails. Les époux royaux et le père de Saïa étaient accompagnés d'une escorte de sept hommes robustes et armés jusqu'aux dents.
Ballade peu romantique en leur présence, mais cette sécurité était nécessaire à chaque sortie dans ces lieux regorgeants de dangers.
Ils ne craignaient aucun éboulement car en cas de tremblement de terre la cavité était si renforcée qu'elle ne frémissait qu'à peine. Ils craignaient de glisser sur les parois lisses uniquement s'ils quittaient le convoi. En réalité il n'avaient peur que d'une chose : que les membres du clan exilé se manifestent et les retiennent en otage pour s'emparer d'Agarta.
Ce groupe d'hommes et de femmes qui avaient refusé de vivre dans la cité si contrôlée, où ils n'avaient guère le loisir de se déplacer sans qu'un groupe de la milice ne leur demande de s'indentifier, ces gens si épris de libertés avaient leurs raison de vouloir quitter le havre de paix empoisonné, comme ils le disaient si bien. Mais il n'avaient pas à s'en prendre aux innocents, à piller les réserves de la ville, à se montrer si hargneux pour si peu.
Si Agarta avait été faite ainsi, c'était pour de bonnes raisons. Pour la sécurité de tous. Jusqu'à maintenant, même si l'on s'y sentait un peu oppressé, elle avait toujours accompli son devoir et n'avait jamais été touchée par les affres de la guerre mondiale à la surface. On pouvait y vivre sans crainte de mourir à chaque instant...
Wladyslas fut soudainement tiré de ses pensées existencielles par son beau-père :
- Dites-moi, mon cher fils, quels beaux noms allez-vous donner à ces charmants petits êtres ? Il est coutume dans votre pays de donner à votre le fils le nom de votre père, n'est-ce pas ?
Le monarque sourit une nouvelle fois.
- Il est vrai qu'il existait autrefois une telle tradition dans les pays de l'est, moi-même je porte le nom de mon grand-père. Mais les temps changent, et j'avoue que j'ignore si nous nous plierons à cette idée... Nous avons tout le loisir de décider, n'est-ce pas, ma douce épouse ? Tu as ton mot à dire...